Les grosses ne sont pas dans la course

 

Quand tu as la vingtaine, et que tu as été grosse presque toute ta vie, tu penses que l’apothéose du bonheur, c’est d’être à ton poids santé. Qu’à ce moment-là, ta vie sera parfaite : que tu seras heureuse et plus gênée d’exister, que tu réaliseras tes rêves les plus fous, que tu seras full populaire auprès des hommes, et que ceux-ci tomberont fous amoureux de toi. Bref, je croyais que la vie serait beaucoup plus facile.

 

 

Avec le corps parfait : j’existe !

Le jour où ton corps atteint un poids idéal, grâce à tellement de privation de nourriture et de bourrage alimentaire pour aller te faire vomir après, tu crois que rien ne va t’arrêter.  Ce fameux jour où tu montes sur la balance, et qu’enfin tu constates que ton poids est enfin « normal ». Ta confiance devient exponentielle : tu fonces vers tes buts, tu oublies même ta gêne, tu deviens soudainement l’attraction principale des messieurs, comme dans tes rêves.  Tu adores ce nouveau statut soudain, comme si tu venais de jouer dans la nouvelle série Chick Flicks de l’année. Tu te sens exaltée, tu veux tout accomplir. Le sentiment fait tellement de bien, au début…

 

Je suis importante pour qui ?

Mais les effets perdent de leur intensité. Tu ne vois pas vraiment les réels avantages que tu croyais détenir au départ, car le mal-être qui était là avant la perte de poids reprend sa place rapidement dans ta tête. Tu constates que les personnes maigres ont des problèmes aussi. Elles ne sont pas toujours heureuses ? Moi qui pensais que ma vie allait se transformer comme dans un conte de fées, pour toujours et à jamais. Oh God, ce n’est pas cela qui est arrivé, car ce que je n’avais pas compris à ce moment-là, c’est que la vie ne se rattache pas qu’à l’enveloppe corporelle, et qu’il faut travailler ce qu’il y a à l’intérieur, aussi.

Être belle pour soi, dans toute sa grosseur

Mon poids a continué de yoyotter tout au long de ma vingtaine et de ma trentaine. Le rythme ralentissait un peu à chaque année qui passait, car j’ai toujours eu le désir d’aller mieux, de prendre soin de moi, d’évoluer en tant qu’humaine. J’ai essayé de comprendre pourquoi j’avais ce besoin de suralimenter mon corps. J’ai compris bien des choses. Maintenant, j’ai décidé que je ne tenterais plus de perdre du poids. Suis-je à mon poids santé ? Pantoute, j’ai bien des rondeurs et je les assume totalement. Cependant, pour moi et pour toutes les jeunes filles qui deviendront des femmes, j’ai décidé de donner l’exemple en prenant soin de mon esprit et de mon corps. C’est en faisant du sport, en le nourrissant de tout ce dont il a envie en petites portions sans restriction aucune, et en prenant un petit verre de vin à l’occasion que j’ai retrouvé le plaisir de vivre comme je suis. Depuis ce jour, mon poids est beaucoup plus stable sur la balance. Et j’ai toute l’énergie nécessaire pour accomplir mes rêves de femme. Mon corps est fort et en santé mais, plus important encore, mon obsession envers la nourriture est beaucoup moins présente aujourd’hui dans ma vie. Parce que j’ai toujours cette fragilité en moi et je l’accepte.

Quand je deviens ce que je suis, that’s it !

L’important au fond, c’est quoi ? C’est d’arriver à bien se sentir dans sa peau et d’être bien avec soi-même. Ce n’est pas en se tapant dessus qu’on peut y arriver. Si on veut des changements, ce n’est pas en haïssant son corps, mais plutôt en commençant à l’accepter, en lui donnant beaucoup de bienveillance et d’amour.

Les changements, pour moi, ont commencé le jour où, petit à petit, j’ai décidé de me donner de l’importance.

Et si on commençait à se donner plus de love, les filles ? Julie